Manœuvre de printemps et drôles de bourgeons
Aujourd’hui scruter l’environnement laïque c’est constater qu’il est en danger, victime des offensives de plus en plus décomplexées menées par presque tous les acteurs politiques de ce pays, pourtant censés laïques et républicains, qui semblent avoir changés de paradigme pour s’en prendre aux fondements même de nos principes plus que centenaires.
J’ai parlé ailleurs de reddition en rase campagne et, si quelques amis ont trouvé l’expression exagérée, je la maintiens cependant. Comment en effet interpréter les positions du pouvoir et du parti qui le soutient au vu des accommodements bien déraisonnables, ce me semble, vers lesquels ils tendent au mépris de la structure constitutionnelle laïque qui fonde notre république et de sa loi de 1905, dite de séparation, qui en organise l’expression et l’exercice.
Inventaire tiré du document Dutheil :
création d’une instance de dialogue avec les représentants de l’islam de France. Installation en somme d’une sorte de « CRIF » musulman et vrai retour d’un bonapartisme concordataire, bien éloigné des idées républicaines d’égalité de tous devant la loi et d’évitement des communautarismes facteurs de discordes et d’espaces de droit particulier, vrai déni d’universalité des droits de l’Homme.
Renforcer la formation, en France, des imams et aumôniers musulmans, où l’on voit l’État se mêler de théologie en violation manifeste de sa neutralité proclamée. A quand des écoles de formation des prêtres de Dionysos ou des prêtres raëliens ?
favoriser l’édification de nouveaux lieux de culte. Favoriser comment ? Si ce n’est par les acrobaties habituelles sur les financements, les baux emphytéotiques et autre dons en nature (terrains, bâtiments etc.). Violation de l’article 2 de la loi de 1905 puisqu’une telle politique compte pour négligeable « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». De plus, ce type de comportement porte en germe, outre l’obsolescence à terme de l’article 2, l’instauration dans notre pays de systèmes communautaristes (voir plus haut).
développement de l’enseignement privé confessionnel musulman. La bonne aubaine pour le secteur scolaire du privé confessionnel qui déjà prospère sur le phénomène de l’évitement scolaire engendré par la mauvaise image des zones d’éducation prioritaires. Qui ne perçoit le danger d’une telle évolution qui livrera de jeunes cerveaux, à l’âge où le recul critique est presque inexistant, à des structures empressées de former et formater des croyants dévoués à la cause plus que des citoyens lucides, instruits et bienveillants ?
Il faut dire que les « bonnes fées » qui se penchent depuis des lustres sur notre laïcité tel l’Observatoire de la Laïcité de JL Bianco n’ont guère la fibre laïque, tant s’en faut. Un exemple tiré de l’avis de cet Aréopage, du 13 janvier 2015, qui en substance appelle au soutien à la création d’établissements privés de théologie musulmane et de formation à l’islamologie. Explications de M. Cadène, son rapporteur : « il s’agit d’accompagner ( comment ?) des établissements privés dans leur organisation pour élaborer des diplômes qui soient reconnus par l’État ». Il faut mesurer ici la dérive en marche . Quand on vous parle de reddition en rase campagne !
Autre chose. La Gazette des Communes nous apprend que la ministre de la fonction publique, Marylise Lebranchu, a expliqué à Lyon, devant les syndicats de fonctionnaires, qu’elle était convaincue du besoin « d’un texte qui redise aux citoyens que la République Française est accompagnée par ses fonctionnaires qui sont porteurs de valeurs. On a considéré ces grands principes comme acquis et définitifs, nous voyons que ce n’est pas le cas ». (Constat on ne peut plus lucide NDLA). Dans son discours, la ministre a promis que cette loi s’attacherait à « redonner du sens à l’exercice des missions de service public et à restaurer la confiance entre les citoyens et leurs administrations». Pour y parvenir, elle propose de former dès la rentrée prochaine l’ensemble des élèves des IRA (Instituts régionaux d’administration) à la laïcité, selon un programme construit par l’IRA de Lyon, en collaboration avec l’Université Lyon 3, l’Université Catholique et l’Institut Français de civilisation musulmane et qui est dispensé depuis septembre à Lyon. On notera que cette formation a été conçue en collaboration avec deux religions ! On est en droit de se poser la question de la distance pédagogique que cela sous-entend. Gageons qu’il se trouvera des fonctionnaires pour nous éclairer là-dessus après qu’ils aient participé à un cycle de cette formation. Attendons donc sereinement.
Ce qui me révolte est que les forces au pouvoir, qui se disent héritières de Jaurès, étaient jusqu’à ce jour plutôt enclines à défendre la laïcité, son école, et plus généralement, les dispositions de la la loi du 9/12/1905 pourtant déjà bien affaiblies au cours des temps, des aléas politiques et des offensives des cléricaux. Pourquoi cèdent-elles aussi facilement ? Par pragmatisme ou par lâcheté ? Ne serait-ce pas plutôt parce que ce qui a permis la situation actuelle est le fruit de 40 ans de renoncements et de politique libérale oublieuse des faibles et des exclus du progrès, oublieuse du bien être de populations entières confinées (ghettoïsées, concède le premier ministre) en des lieux sans travail, sans avenir, sans moyens… Croient-elles s’en tirer avec ces fameux accommodements « raisonnables » qui échouent au Canada et favorisent l’installation d’un communautarisme revendicateur, vrai danger tant pour la liberté que pour l’égalité, sans parler de la fraternité. Qu’ils continuent dans cette voie et la nature même de la République en sera changée, nous sommes guettés par des structures à l’anglo-saxonne. Certains peuvent s’en réjouir, je ne suis pas de ceux-là.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce qui se passe en ce moment qui voit l’union sacrée des religieux par delà leurs exclusions réciproques, est redoutable : toute concession foulant le principe de laïcité accordée à celui-ci profite nécessairement à celui-là. Il nous faut donc résister, dénoncer et rappeler aux hommes politiques que la démocratie représentative ne les rend pas propriétaires de leur sièges et qu’ils doivent rendre compte de leur action. Sur ce sujet, en bon hérétique, je rêve de destitution en cours de mandat de celui qui a failli à ses obligations ou menti éhontément… mais personne n’est obligé de partager mon rêve.
Gilles Poulet
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7 Commentaires
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C’est le retour a l’oscurantisme!!!
Si je peux me permettre une question personnelle. J’ai connu un Gilles Poulet restaurateur dans le Doubs. Est-ce toi?
pour J Hubar, oui mais dans le 39 puis le 71
Je partage votre rêve à cent pour cent.
l’ ISLAM n’est pas une religion,mais un mouvement politique qui se sert de la religion musulmane pour des desseins politiques et donc de conquêtes
comme l’avaient fait les croisés et les Chevaliers de tout poil ( la croix et l’épée) etc
Bonnes infos.
Comment se fait il que l’alpdf ne soit pas partie prenante dans ce type de reflexion sur un tel sujet, la laïcité, qu elle est censée bien connaître ? Etonnement 🙁 dubitatif …….
Nous ne sommes la courroie de transmission d’aucun parti, voilà tout! Nous militons avec nos moyens, trop modeste helas!
@ Gilles Poulet >> certes mais eux ils ont une place dans les média …..