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Petit conte animalier aux grandes conséquences

14 Avr 2018

ADLPF La Libre Pensée Pour une société éclairée Petit conte animalier aux grandes conséquences

LE  PRÉSIDENT  MACRON  BROYÉ  PAR  UN  BOA

Sous-estimant le danger, le Président Macron a commis l’imprudence de s’aventurer dans l’antre des Bernardins, ce lundi 09 avril. L’attendaient les circonvolutions d’un prédateur effroyable : la Conférence des anneaux épiscopaux.

Soutenant un discours préalablement validé en connivence avec ses hôtes, l’invité d’un soir n’a pas écarté que ses propos soient en infraction avec les normes légales fixant l’organisation étatique de la Laïcité. De fait, la teneur de sa Profession de foi est ahurissante, telle que construite sur une histoire de la méconnaissance. Méconnaissance de la réalité du niveau de clairvoyance et d’incrédulité d’une société française désormais éduquée à l’esprit critique, oubli des enseignements douloureux de l’Affaire Dreyfus, démontage de la fine horlogerie qui depuis 1905 évite l’abîme de la guerre civile religieuse, dédain des penseurs qui ont construit cette Laïcité. Mais laissons les exégètes de cette homélie en dire davantage sur le discours d’un orateur irresponsable et présomptueux.

Car dans cette entreprise, le plus important n’est pas tant les mots que la démarche elle-même : être allé se compromettre chez des infatués de dogmes divins, avec tout l’apparat présidentiel de la République. Pourquoi Macron s’est-il mis ainsi dans la posture d’une proie ?

Pour comprendre, il faut reprendre le fil des événements.

Tout a commencé le 21 décembre 2017 par une réunion des représentants des cultes, à huis clos, à l’Élysée. Il s’agissait de lister tout ce qui pouvait être concédé – uniformément – aux principales religions (défiscalisations, occupations de l’espace public, soutien aux écoles confessionnelles, accès au lobbying, consultations sur la bioéthique …) en échange que tous feraient pression sur leurs homologues musulmans pour que ceux-ci prêchent efficacement en faveur de la fin d’actions terroristes qui déstabilisent l’économie macronienne.

Tellement satisfaits d’avoir été d’aussi bons négociateurs et désireux d’en    donner à connaître à leurs ouailles, tous ces empourprés et enturbannés   ont laissé fuiter les offres qui leur ont été ainsi faites.

Le 04 janvier 2018, a suivi la cérémonie élyséenne des vœux aux autorités religieuses où, par un mouvement de recul et un sursaut de bon sens, le Président Macron a déclaré : « … je demanderai à chacun constamment d’absolument respecter toutes les règles de la République ».

 

Courant ce même mois de janvier, troublé par un libelle ayant parcouru les Assemblées parlementaires et intitulé « Le Président Macron est-il laïque ? », le Chef de l’État a renoncé à tenir le discours sur la Laïcité qu’il avait promis, s’apercevant qu’il ne savait rien en dire.

Puis patatras ! advint le repas malencontreux du mardi gras 13 février 2018 où le Président, dans un élan impétueux et irréfléchi, a tenu à faire asseoir à une même table les dignitaires de ce qu’il a appelé « Les six principales religions » afin de les consulter sur les lois de bioéthique. Sérieusement, techniquement, comment peut-on placer au même plan d’égalité, officiellement et publiquement, les représentants de « vraies » religions, tous et chacun persuadés de relever seul d’un pouvoir divin absolu et unique ? Ulcérés qu’ils ont été Nosseigneurs catholiques, si fiers de leur historicité, d’être placés entre la Présidente de l’Union bouddhiste et le Président de la Fédération protestante. Quel impair ! Quelle chance encore que les évangélistes et les mormons fussent oubliés ! D’ailleurs le Président de la Conférence des évêques de France a préféré décliner l’invitation à ce « dîner de cons » au profit de l’évêque de Paris, tenant ainsi le rôle « pro forma » d’îlotier du diocèse de la zone. Outre que deux autres repas prévisionnellement destinés à poursuivre les échanges sur la bioéthique ont été consécutivement reportés, il restait encore aux catholiques à laver l’affront de les avoir banalisés.

Et c’est ainsi qu’est parvenue le 09 avril 2018 l’invitation aux Bernardins, où le rusé boa a proposé des plats d’argent à une cigogne munie d’un long bec. A la place d’Emmanuel Macron, qu’auriez-vous fait ? Fuir, sans nul doute … Mais première victime de l’utopie de sa « Société de confiance », le Président, croyant sortir du piège par le haut, est quand même venu avec sa mangeoire, un grand pot rempli des articles de la Loi de 1905, qu’il a donné à partager ; avec un discours aux termes volontairement provocateurs et surfaits, espérant que son extravagance servirait de leurre.

La Conférence des évêques a tout apprécié, le pot comme le porteur, dont elle n’entend faire qu’une seule et même bouchée.

Sous le regard ébahi et réprobateur de tous les Laïques, le Président Macron gît maintenant au sol des Bernardins, tout pantelant et suffoquant dans l’haleine fétide d’un boa ulcéreux.

Bernard FAVOT

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