UNE ASSOCIATION NE PEUT ŒUVRER QU’À LA MESURE DU NOMBRE DE SES ADHÉRENTS
REJOIGNEZ L’ADLPF POUR LA RENFORCER DANS SES COMBATS EN FAVEUR DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE ET DE LA RAISON

Quand les imposteurs crient à l’imposture

12 Juin 2013

ADLPF A propos de l'ADLPF Quand les imposteurs crient à l’imposture

Réponse aux allégations de la FNLP

texte FNLP concernant (encore) Babyloup […ici…] et […ici…]

Les dirigeants de la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP) viennent de commettre ce qu’ils veulent faire passer pour une brillante saillie à l’encontre de la crèche Baby Loup et de ceux qui soutiennent son combat, lesquels sont joliment qualifiés de « plumitifs et pétitionnaires en tout genre ».

Jusqu’à présent, après chaque prise de position publique de la FNLP, notamment concernant la crèche Baby Loup et le Haut Conseil à l’Intégration, nous nous abstenions de répondre. Nous considérions que la polémique était inutile et même contre-productive dans la mesure où elle aurait donné davantage d’audience à des écrits indignes de militants se réclamant du mouvement ouvrier, démocratique et laïque. Nous n’avions jugé utile de répondre – par une motion de congrès adoptée à l’unanimité moins une abstention – qu’au communiqué commun de la FNLP, de la Ligue de l’Enseignement et de la Ligue des Droits de l’Homme diffusé après l’arrêt de la Cour de Cassation du 19 mars 2013 dans l’affaire opposant la direction de la crèche à sa salariée – directrice adjointe – provocatrice, désireuse d’une rupture de contrat avec de confortables indemnités.

Mais, cette fois, il est nécessaire que tous les laïques réagissent, au premier rang desquels ceux qui, comme nous à l’Association des Libres Penseurs de France (ADLPF), se revendiquent aussi du mouvement libre penseur historique ; ceux qui, comme nous, veulent défendre la liberté de conscience, ceux qui, comme nous, refusent que la conscience en devenir de l’enfant soit cette « cire molle » que l’on pourrait modeler à loisir.

Les responsables nationaux de la FNLP, dans leur volonté de démontrer l’indémontrable (ce qu’ils considèrent comme le caractère anti-laïque et communautariste de cette crèche associative populaire) ne reculent devant rien. Ils osent tout. C’est même à cela qu’on les reconnaît, écrivait Audiard. Feignant de présenter un dossier exhaustif qui permette à chacun de se faire une idée, ils n’hésitent pas à manipuler

les mensonges les plus grossiers, les insinuations et les sous-entendus les plus perfides, les insultes compensant avantageusement la vacuité de l’argumentation, les sophismes les plus époustouflants, touchant quasiment au sublime et auxquels les auteurs devraient néanmoins survivre, car il est notoire que le ridicule ne tue plus.

Avant de tenter de comprendre quelle mouche a piqué Marc Blondel et sa Fédération nationale de la Libre Pensée en agressant, à nouveau, la crèche Baby Loup, lui qui, pourtant en 2011, a participé à la remise du prix de la Laïcité à sa lauréate, Natalia Baleato,la directrice de cette crèche ; et avant d’avancer quelques hypothèses permettant de décoder les raisons profondes de cette étonnante démarche, il convient d’élaborer un commentaire au plus près du texte de cette diarrhée scripturale de 30 pages, ainsi que de l’éditorial de Marc Blondel et du communiqué de Christian Eyschen qui l’accompagnent.

Les erreurs, mensonges et torsions de la vérité.

Même si nous avons la bienveillance de considérer comme une simple erreur le fait qu’on nous présente un « extrait du jugement des Prud’hommes de Poissy du 13 décembre 2010 », alors qu’il s’agit du délibéré du Bureau de Jugement du Conseil de Prud’hommes de Mantes-la-Jolie, l’extrait cité, contrairement à ce qu’annonce l’éditorial de Blondel, n’est pas une partie de l’énoncé du jugement, lequel se situe après « Par ces motifs… »,mais un rappel de l’argumentation de la plaignante.

Or il a été démontré au bureau de jugement le caractère mensonger de cette affirmation de la plaignante, Madame Afif : « Baby Loup servait de la viande hallal aux enfants ». Ce qui n’a été qu’un recours exceptionnel à une boucherie de proximité est ici présenté, conjugué à l’imparfait de l’indicatif utilisé pour montrer faussement le caractère habituel de cette pratique conforme à une contrainte religieuse. Cette torsion de vérité est reprise dans l’adresse de Eyschen : « Pour une crèche dite laïque, on servait de la nourriture hallal ». L’imparfait est utilisé délibérément à la place du passé simple ou du passé composé. On commet en toute conscience une faute de conjugaison pour mentir et tromper le lecteur.

« L’employée licenciée (…) portait le voile depuis le début de emploi ». C’est faux. Si elle l’a fait, c’est à partir de son retour de congé de maternité et parental, à l’insu de la directrice, comme le rappelle le jugement du Conseil de Prud’hommes de Mantes-la-Jolie. Madame Afif était devenue directrice adjointe. A ce titre, avant le début du conflit, elle avait eu à intervenir elle-même auprès d’autres employées pour faire respecter le règlement intérieur exigeant la neutralité laïque.

« Le règlement intérieur de la crèche a été modifié au cours du congé parental de la plaignante » écrit Eyschen. Oui, mais le précédent, datant de l’origine en 1990 stipulait déjà l’obligation de neutralité. Ce règlement, comme celui de 2003 précisant cette notion, a été mis en place de façon coopérative, avec les parents et l’ensemble du personnel. Madame Afif, comme les autres employées, a donc contribué à son élaboration (et même à son respect, on l’a vu supra).

« L’affaire du « foulard » a été montée ensuite pour ne pas payer les indemnités demandées par la salariée » affirme Eyschen. La direction de Baby Loup a d’abord répondu favorablement à la demande de rupture formulée par Madame Afif, mais l’avidité cupide de celle-ci, soigneusement et précisément « conseillée », n’a pas permis que cette rupture fût conventionnelle en raison des exorbitantes indemnités demandées : l’équivalent du budget annuel alimentaire de la crèche.

D’autre part, il ne s’agissait pas d’un simple « foulard », mais d’une tenue religieuse complète, constituée de gants et longs voiles noirs ne laissant apparaître que l’avant du visage.

Le jugement du Conseil de Prud’hommes de Mantes-la-Jolie du 13 décembre 2010 relate le détail des faits : la direction a refusé que la salariée soit au contact des enfants dans cette tenue. Elle lui a demandé de se changer ou de partir. Madame Afif a refusé et s’est imposée dans la crèche jusqu’au soir, créant un grand désordre au sein de l’établissement et devant les enfants.

La simple lecture du jugement permet de savoir qui a « monté l’affaire du foulard ». Ce n’est certes pas la direction de la crèche.

Les insinuations malhonnêtes et les sous-entendus perfides.

Au fil de ce long ensemble de textes revient, comme un leitmotiv, le sous-entendu d’une attitude raciste anti-musulmane de la part de la direction de Baby Loup. Celle-ci, selon Eyschen, aurait des « problèmes avec les musulmans ». Les laïques qui soutiennent Baby Loup feraient preuve, selon Gozlan, secrétaire général de la FNLP, d’une « crispation antimusulmane ». Or, on a tenté de nous persuader, sous la plume de Blondel et celle de Eyschen, que Baby Loup voulait soumettre les enfants à des contraintes alimentaires musulmanes : « Baby Loup servait de la viande hallal aux enfants ».

Il faudrait savoir ! Baby Loup est-elle un repaire d’islamistes, ou un nid d’islamophobes ? A trop vouloir démontrer l’indémontrable, on se prend les pieds dans le tapis.

« Si 1991 est la date de création de Baby Loup (en fait, l’année est 1990, mais pour les besoins de la démonstration, on ne va pas renauder devant une nouvelle, mais si légère, torsion de vérité), c’est aussi la date de l’arrêt Stoeckel qui ouvre la voie à une législation développant le travail de nuit des femmes » écrit Gozlan en page 14 du dossier. Il récidive deux pages plus loin pensant ainsi faire prendre une (approximative) concordance de date pour une relation de cause à effet : « 1991, c’est aussi la mise en place sur l’usine de Poissy des quatre fois dix heures ». En faisant semblant de se poser la question « Et Baby Loup dans tout cela ? », le secrétaire général de la FNLP ne se contente pas d’affirmer que la création de Baby Loup est une façon d’accepter docilement, de « s’adapter à cette situation de dérèglementation ». Il va plus loin. Il insinue fielleusement que la crèche a été délibérément installée à Chanteloup-les-Vignes pour faciliter les basses besognes du capitalisme et «  la nouvelle flexibilité du travail » à l’usine Talbot-Peugeot Poissy et à celle de Renault Flins – Les Mureaux.

Que répondre à une telle bassesse ? Que les femmes qui se sont alors librement associées pour tenter d’améliorer un peu leurs conditions d’existence en fondant cette structure que la municipalité d’alors ne pouvait pas prendre elle-même en charge en raison de son endettement record, étaient et restent des militantes ouvrières se battant contre la misère et la situation de dépendance des femmes du peuple de ce melting-pot ? Nous ne convaincrons pas ces nouveaux Fouquier-Tinville et Vychinski, zélés auteurs du réquisitoire du procès fait à Baby Loup. Pour eux, Baby Loup c’est bien « une contribution à l’exploitation ».

Les insultes.

Les écrits des dirigeants nationaux de la FNLP donnent raison à qui considère qu’il est plus aisé de manier l’insulte et de lancer l’anathème que d’argumenter. Tel ami de Baby Loup est un « âne qui n’a pas soif » ; tels autres sont des « plumitifs », des « inquisiteurs des temps modernes ». Parmi eux, on dénombre « quelques naïfs et beaucoup d’antilaïques patentés ».

L’accusation de racisme est plus grave. Eyschen entend des voix. Il entend ces antilaïques que nous sommes et que sont les responsables de Baby Loup crier « Sus aux Maures ! » Nous ne devrions pas nous abaisser à répondre, mais traiter par le mépris de tels écrits méprisables. Nous rappellerons néanmoins, pour ceux qui croiraient pouvoir encore accorder un peu de crédit à ces textes, que Baby Loup a payé à la salariée plaignante, Madame Afif, plusieurs années d’études lui ayant permis d’obtenir son diplôme d’éducatrice de jeunes enfants, puis d’accéder au poste de directrice adjointe. Comme, l’écrit Martine Cerf, secrétaire de l’association EGALE (Egalité, Laïcité, Europe) « comme comportement « anti-Maure », on fait mieux ».

Il est évident que si une salariée était arrivée à la crèche en tenue bouddhiste, ou en bonne sœur à cornette, elle aurait reçu le même rappel à l’ordre de la direction. Celle-ci aurait fait respecter de la même manière le règlement intérieur demandant la neutralité et empêchant le prosélytisme, quel qu’il soit, auprès des jeunes enfants.

Ce qui frappe le plus, dans ce long réquisitoire anti-Baby Loup, c’est l’audace des auteurs Un brin de recul sur leur propre réflexion leur aurait permis d’éviter les perles de sophisme qui parsèment ces textes. Dire qu’ils ne manquent pas de souffle et que, tout à la fois, ils raisonnent comme des tambours, c’est rester très en deçà de la réalité. Si le paradoxe est un exercice logique souvent instructif, sa pratique par Blondel et ses affidés dépasse tous les pronostics jusqu’à confiner au sublime.

Sophismes.

On l’a vu, l’ouverture de la crèche la nuit, qui permet aux parents travaillant en horaires décalés de faire garder leurs enfants, est une « contribution à l’exploitation ». Il n’y a aucune raison de laisser ce « privilège » aux seuls salariés de Baby Loup. Il convient, logiquement, de l’étendre à tous ceux qui participent à ce que la vie sociale ne s’arrête pas totalement à 18 heures : agents de conduite SNCF des trains de nuit, employés de la RATP en horaires décalés, veilleurs de nuit, artistes de cabaret… tous ces gens, au même titre que les employées de Baby Loup, méritent d’être taxés de complicité à l’égard du capitalisme.

Participer à la vie sociale nocturne, permettre l’amélioration des conditions de vie des gens du peuple, généralement des salariés, serait une façon de faciliter la tâche des exploiteurs du CAC 40. Attitude étrange pour un ancien secrétaire général d’une confédération ouvrière…

« Nulle part, dans la brochure de présentation de Baby Loup, n’est écrit le mot « laïcité » ».

Nos procureurs de la FNLP voient bien, dans cette absence, la preuve que l’association Baby loup et sa crèche ne seraient pas laïques.

Le mot « laïcité » figure-t-il dans la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat ? Cela empêche-t-il cette loi d’être le pilier de l’organisation laïque de notre société ?

On accuse Baby Loup de vouloir « le beurre (sa liberté philosophique) et l’argent du beurre (les subventions publiques) ».

Mais la « liberté philosophique » souhaitée par Baby Loup est celle des familles qui lui confient les enfants. Ce n’est pas un caractère propre. C’est même très exactement l’absence de philosophie particulière, c’est-à-dire une organisation et un fonctionnement laïques de l’établissement.

Nos argumentateurs émérites en arrivent donc à cette perle : contester aux établissements laïques le droit aux subventions publiques ! Et, en même temps, ils militent pour l’abrogation de la loi Debré finançant les établissements confessionnels… Comprenne qui pourra.

« La crèche Baby Loup se réclame de la «  diversité », apanage du communautarisme. »

C’est à peu près aussi cohérent que si on écrivait : à midi le soleil brille, c’est bien la preuve qu’il fait nuit. Le communautarisme, c’est l’exigence de droits particuliers pour chaque groupe, notamment religieux. C’est le refus que la loi commune s’applique à tous ; c’est le refus d’une organisation sociale, celle de la laïcité, permettant aux citoyens, dans toutes leurs diversités, de vivre paisiblement ensemble. Pour les dirigeants de la FNLP, le fait de s’opposer à l’expression du communautarisme – en l’espèce islamique, mais il en aurait été de même de tout autre – comme le fait Baby Loup, c’est précisément faire du communautarisme ! Quand on vous disait que le paradoxe systématique touche parfois au sublime…

« La liberté de conscience (…) c’est le droit de faire du prosélytisme. »

Eh bien, pour nous Libres Penseurs, comme pour tous les laïques qui soutiennent Baby Loup, la protection de la liberté de conscience, notamment celle, en construction, des enfants, c’est le refus d’être soumis, en lieu contraint, au prosélytisme à l’embrigadement, au bourrage de crâne.

L’arrêt de la cour de cassation du 19 mars 2013 a montré que le droit, la liberté de ne pas subir d’influence religieuse n’était pas garanti dans un établissement pourtant non confessionnel et exerçant une mission de service public. Or, les structures associatives, péri-scolaires, péri-éducatives, notamment celles percevant des fonds publics, qui veulent que leurs usagers vivent en harmonie dans la neutralité laïque, doivent pouvoir le faire sans entrave. C’est pourquoi, avec plusieurs personnalités et mouvements laïques, en particulier l’association Egale, nous avons participé au lancement de la pétition, parue dans Marianne, pour que le vide juridique soit comblé. Bien entendu, cette loi ne doit pas aboutir au subventionnement public des établissements privés confessionnels.

On pourrait se perdre en conjectures pour tenter d’expliquer cette violence de l’attaque de la FNLP contre cette petite crèche de banlieue. Plusieurs hypothèses tiennent au caractère para-syndical qu’a pris la FNLP, notamment depuis l’arrivée de Blondel à sa présidence.

Mais celle que nous privilégierons, c’est le fait que, dans les groupes et fédérations, les Libres Penseurs de la FNLP sont de plus en plus nombreux à regimber devant les analyses que leur assène leur direction nationale. Celle-ci, dans la brochure produite, se flatte d’être « à contre-courant ». Nous dirons plutôt qu’elle adopte systématiquement une démarche à l’exact opposé des principes de la Libre Pensée.

Face à la multiplication des interrogations, contestations et démissions de la base, la direction, selon nous, aurait voulu frapper un grand coup pour reprendre la main. L’ADLPF se réclame de l’héritage historique de la Libre Pensée au même titre que la FNLP. Elle s’est constituée en 1995 pour s’opposer au noyautage politico-syndical de la fédération. Elle a rompu organiquement avec la FNLP en 1998, quand a été avéré le verrouillage interdisant, avec la réforme des statuts de la FNLP, tout espoir d’alternance à la direction. D’autres ont pensé pouvoir encore s’opposer de l’intérieur à cette mainmise totale sur l’appareil de la Libre Pensée de la part d’un groupuscule politicien et dogmatique. C’est à ceux-là, en réalité, que s’adresse cette brochure explosive et non à la direction de la crèche Baby Loup.

Notre espoir, c’est que se produise l’effet boomerang. Nous faisons confiance aux vrais Libres Penseurs encore adhérents à la FNLP. Ils sauront, après cette lecture pénible mais instructive, ce qu’ils auront à faire maintenant que leur apparaîtra en toute clarté la trahison des principes de la Libre Pensée :

La Libre Pensée, se réclamant seulement de la raison et de la science, n’est pas un parti et reste indépendante de tous les partis et tendances.

Elle regarde tous les mysticismes et toutes les religions comme les pires obstacles à l’émancipation de la Pensée.

Denis PELLETIER,

président de l’ADLPF

Dernières nouvelles

0 commentaires

Soumettre un commentaire

 

Adhérez à l’ADLPF / Demande d’infos.

8 + 13 =