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Samuel Paty, un dommage collatéral

19 Nov 2020

ADLPF La Libre Pensée Laïcité Samuel Paty, un dommage collatéral

Un camarade bon connaisseur de l’institution scolaire, plongé au cœur d’une école dans un quartier difficile et héritier, il y en a encore mais parmi les derniers, des hussards noirs de la République nous fait part de ses remarques. En deçà de la question politico religieuse de l’islamisme, il y a aussi le système qui permet à des élèves et à leurs parents de conspuer un professeur… jusqu’à la mort.

Une lâcheté généralisée

Samuel Paty fait désormais partie des dommages collatéraux. Une fois ce moment d’émotion passé, la vie suit son cours. Je n’ai jamais pensé un instant que ce meurtre aboutirait à une remise en question, car l’immense majorité des cadres qui peuplent le Ministère de l’Éducation Nationale n’en envisage aucune, tant elle est dans l’autosatisfaction perpétuelle. De manière égale, cet acte immonde n’a fait que révéler la duplicité des syndicats bien trop occupés à s’engager politiquement aux côtés de ceux qui, justement, ont permis cela. Leurs larmes de crocodiles n’ont éveillé en moi qu’un sentiment de dégout. Un seul et minoritaire a, dans ses communiqués, écrit le mot « Islamisme ». Accordons-leur malgré tout une cohérence : ils ont défilé contre l’islamophobie au son de « Allah Akhbar », la même incantation certainement prononcée par le meurtrier. Il ne faut donc pas faire d’amalgame ni surtout stigmatiser.

Tué par ses élèves et le système

Samuel Paty n’a pas été tué que par cet islamisme qui puise sa morgue dans un livre pour lequel on se demande bien pourquoi, en l’état, il est toujours en libre circulation : Samuel Paty a été tué par ses élèves, ses collègues et sa hiérarchie qui, bizarrement, après des années de terreur sur notre sol, n’a rien vu venir. À ce stade, ce n’est pas de l’aveuglement, c’est une cécité irréversible. Et je sais de quoi je parle, je sais quelles sont les pressions que l’on peut subir si on ose contrarier la doxa lénifiante du « vivrensemble » version accommodante.

J’insiste donc. Samuel Paty a aussi été tué par une institution dans sa globalité : élèves, parents d’élèves, enseignants, supérieurs hiérarchiques. Ce tchéchène n’a été que l’arme utilisée. Samuel Paty était seul et il est mort seul.

Ce prof est la victime d’un phénomène initié dans les années 70, un phénomène qui se retrouve désormais le complice objectif de ceux qui veulent nous terroriser et détruire notre société. Une ministre fut récemment en émoi quand des gamins, devant elle, ont conspué la Marseillaise et certainement ricané en sachant pertinemment qu’il ne leur arriverait rien. J’ai bien envie de lui dire qu’il est grand temps qu’elle s’en rende compte car nous, les profs, vivons cela depuis bientôt 50 ans, et c’est allé en s’amplifiant.

Le pédagogisme, voilà l’ennemi

Nous avons eu, dans les années 80, un ministre visionnaire, à la carrière politique malheureuse, qui a décidé de tout changer et faire plonger notre système éducatif dans l’obscurantisme et l’idéologie. Il a écrit une loi d’orientation avec un dictat majeur : ce sont les élèves et non plus les savoirs qui sont désormais au centre du système. Depuis, nous avons travaillé avec comme dogme « le professeur est au service de ses élèves ». De détenteurs du savoir, nous sommes devenus des prestataires d’une coéducation avec à nos trousses, toute la meute bienpensante des pédagogistes enfin libérés. Convertis en conseillers, formateurs, inspecteurs, ils ont déferlé avec la bonne parole, leur métalangage délirant et leur morgue toujours culpabilisante. À leurs yeux, le prof est un accusé perpétuel, systématiquement responsable de l’échec crasseux et prévisible de ce qu’ils lui demandent de faire. Et moins ça marche, plus ils insistent. Désormais, par exemple, la mode est à l’effacement du professeur et de tout symbole de son autorité dans la classe. Il doit être le facilitateur de débats lors desquels toute opinion doit être prise en compte, celle du professeur lui-même en étant une parmi les autres. On préconise aussi l’effacement des murs de la classe avec l’idée que cette dernière peut très bien se faire dans la cour ou dans un parc. Les parents, de leur côté, regroupés autour de la bonne et gentille FCPE ou d’une autre association, ont bien assimilé ce pouvoir absolu qui leur était donné et ils en usent et abusent.

Le professeur, qu’il soit des écoles ou du collège, se trouve donc face à des gamins qui, au mieux, le considèrent comme un papa ou une maman parce qu’il est gentil et au pire comme un ennemi à abattre, ennemi dont ils savent qu’ils peuvent tout contester car c’est un droit qu’on leur accorde. Et derrière eux, bien entendu, des parents vindicatifs refusant que l’on contrarie leur progéniture, des parents qui pourtant veulent tellement aider l’École, à condition bien sûr qu’elle corresponde à l’idée qu’ils s’en font.

Le bilan est absolument dramatique : le niveau est indigent, les inégalités abyssales, les profs conspués et incapables de faire cours dans certains quartiers mais toujours majoritairement imprégnés de « bonnes valeurs », ces valeurs qu’on a instillées durant toute leur formation, toute leur carrière et qui bloquent leur conscience…

Vous voyez certainement un tableau noirci mais j’ai du mal à le blanchir en imaginant la tête de Samuel Paty roulant sur le trottoir.

Relisez juste le déroulé de ce qui a amené son assassinat et dites-moi où ça cloche.

Samuel Paty a été tué par des élèves de son collège avec la complicité de leurs parents et sous le silence assourdissant de ses collègues.

L’Islamisme a de beaux jours devant lui.

 

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