Vous avez dit : Solidarité ouvrière ?
La récession qui pèse de plus en plus sur les bas salaires et les travailleurs les plus défavorisés de la Société devrait redonner à chacun le sens de la solidarité. Hors, la presse quotidienne (certes : aux ordres !) semble prendre un certain plaisir à relever la désunion.
« Le Monde » du samedi 14 février relève sur quatre colonnes: » Un sentiment de malaise à Libération » du à la grève de la faim d’une journaliste licenciée. Agée de 47 ans, Florence COUSIN a reçu le 2 février une lettre de licenciement pour « insuffisances professionnelles »!
Elle était entrée à Libé à l’âge de …23 ans et comme par hasard, sa lettre de licenciement lui a été envoyée deux semaines après la fin de la protection dont elle bénéficiait en tant qu’ex déléguée du personnel ! Oui, à Libé , considéré comme un » journal de gauche » !
Les syndicats ont tous appelé à une grève de solidarité, mais le mot d’ordre a été rejeté à une large majorité. Pour Le Monde : ce scrutin traduit la perte d’influence de la C.G.T
Divisez, divisez… il en restera toujours quelque chose!
En Franche-Comté, dans un magasin « Monsieur Bricolage » quinze salariés sur les 25 employés dans le magasin ont débrayé pour protester contre la suppression de nouveaux jours de repos. La direction qui possède deux autres grandes surfaces similaires dans la région a vu d’un mauvais œil l’implantation d’un syndicat mais ne veut pas s’exprimer dans la presse!… La jeune déléguée fait depuis plusieurs semaines l’objet de très fortes pressions et remarques désagréables (Le Progrès du 15 Février) Sera-t-elle soutenue par ses camarades non grévistes ?
En Bourgogne, c’est le bâtiment qui commence à souffrir…heureusement, l’hiver se prolonge et l’on » joue sur les intempéries « , mais qu’en sera-t-il au printemps ?
En Rhône- Alpes, chaque jour voit de nouveaux plans de licenciements : Oyonnax, siège de la plastic-Vallée, semble le plus atteint…alors qu’il y a quelques années, tous misaient sur son développement ! A Bourg en Bresse des secteurs entiers annoncent des plans…. En haut comme en bas, on divise pour mieux régner, exacerbant les salariés les uns contre les autres…mais » le boulot on y tient… alors on cède « .. quitte à écraser son voisin ou son copain !
Bien sûr, c’est ringard d’évoquer 36, les grandes heures où la classe ouvrière unie et solidaire faisait valoir ses droits. Enterré aussi les grandes idées de solidarisme du début du siècle dernier, dont le fondateur, Léon BOURGEOIS, disait : »Le Solidarisme est un lien fraternel qui oblige tous les êtres humains, les uns envers les autres, nous faisant un devoir d’assister ceux de nos semblables qui sont dans l’infortune. ». C’est au nom de cette solidarité qu’il défendra le principe de l’impôt sur les revenus, sur les successions et qu’il mettra en place une retraite pour les ouvriers et les paysans.
De Léon BOURGEOIS, Paul Anxionnaz a écrit : Il n’est pas d’homme d’action, d’écrivain de penseur, dont l’œuvre toute entière ai été à un plus haut niveau, imprégné de fraternité et de solidarité. »
Si la classe ouvrière d’aujourd’hui ne retrouve pas ces valeurs de fraternité, de solidarité et de justice, le capitalisme a encore de beaux jours devant lui !
JAP (18 Février 2009)
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