LES JESUITES NE SONT PAS QU’AU VATICAN
(version corrigée le 12/11/2016)
Le Conseil d’État vient de rendre sa décision au sujet de deux décisions judiciaires contradictoires, l’une jugeant illégale l’installation d’une crèche dans la mairie de Melun (Seine et Marne) et l’autre jugeant légale une semblable installation dans l’hôtel du département de Vendée.
Les conseillers d’État nous apprennent qu’il y une « pluralité de significations des crèches de Noël ». La signification religieuse en est évidente, mais qu’en est-il de la signification profane ? La célébration des animaux de la ferme et des métiers d’antan ? La mise à l’honneur des migrants aux bras chargés de cadeaux… ? Noël est une date lourdement chargée de symboles, et donc une crèche de Noël l’est tout autant.
Comment peut-on nous faire croire que la commémoration de la naissance du nazaréen n’est pas un acte religieux ? L’exposition de cet emblème fondateur du christianisme est en soi un acte de prosélytisme et le fait de l’imposer à la vue de tous ceux qui n’en reconnaissent pas la valeur est une agression. Rappelons que Luther lui-même considérait la célébration de la crèche comme une superstition…
Les jésuitiques conditions d’autorisation d’installation des crèches semblent un argument pour donner du travail aux tribunaux et in fine au Conseil d’État. Jugeons-en par le texte : «[une crèche peut être autorisée] si elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, mais non si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse. »
Reconnaissons que les conditions d’installation préconisées par le Conseil d’État pour déterminer le caractère culturel d’une installation sont assez sévères : «[…] il convient de tenir compte du contexte dans lequel a lieu l’installation, des conditions particulières de cette installation, de l’existence ou de l’absence d’usages locaux et du lieu de cette installation. » C’est en s’appuyant sur ces conditions que le Conseil d’État a cassé les deux décisions contradictoires.
Mais l’attitude est jésuitique, car on doit se demander si la laïcité, qui est avant tout neutralité, doit tenir compte des traditions locales dans une République Une et Indivisible. Gageons que la loi de 1905 n’aurait jamais vu le jour si l’on avait alors professé un tel respect du poids de l’habitus culturel !
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2 Commentaires
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« Jésuitique » le terme est un peu faible pour qualifier la position des mitrés de la justice. Ils sont comme la girouette. Du plus haut des lieux de culte, ils ont l’habitude d’aller dans le sens du vent. Faut dire qu’ils sont à bonne école dans cette société qui cultive hypocrisie et conservatisme.
Puisque maintenant les rois mages font dans la culture, les mairiesn seraient bien inspirées de conseiller Marie d’aller accoucher à l’hôpital publique. Normal, le message institutionnel et laïque – il s’entend – serait plus clair !
D’où l’urgence de constitutionnaliser les deux premiers articles de la loi de 1905.