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Bonne année républicaine !

25 Sep 2015

ADLPF La Libre Pensée Faire vivre la démocratie Bonne année républicaine !

Nous sommes aujourd’hui le mardi 22 septembre 2015 de l’ère vulgaire, c’est-à-dire le primidi 1er vendémiaire an 224 de l’ère républicaine. C’est le jour de l’an du calendrier révolutionnaire, alors bonne année à tous !

Les sarkozystes qui ont préempté le nom « les Républicains » pour en faire le nom de leur parti ex-UMP, vont-ils aujourd’hui sabrer le champagne ? J’en doute. Les Libres Penseurs, eux, tiennent à rappeler cette importante réforme effectuée par la Révolution, dans la même logique que celle instituant le système métrique : la simplification, la rationalisation et même le rationalisme puisqu’on a alors abandonné toute référence à la superstition et à la religion. Dans ce nouveau calendrier, plus de saints ni de saintes, plus de Transfiguration ni d’Assomption, plus de Fête-Dieu, de jour du Christ-Roi ni de la Sainte-Famille. La mise en place du « calendrier de la République Française » est un acte anticlérical marquant dans l’œuvre de la Révolution, au même titre que le remplacement des registres paroissiaux par un état-civil et que l’officialisation du divorce.

C’est le mathématicien Charles Romme qui présida la commission qui élabora ce calendrier. Il s’entoura des scientifiques les plus éminents – Lagrange, Lalande, Monge… – ainsi que de l’homme de lettres Fabre d’Eglantine, l’auteur de la chansonnette « Il pleut, il pleut bergère », qui créa les noms des mois et attribua à chaque jour le nom d’une production de la terre de l’époque, le nom d’un animal pour chaque quintidi (le milieu de la décade) et le nom d’un outil agricole pour le décadi, dernier jour de la décade.

A ce caractère poétique, naturaliste et agreste, s’ajoute un aspect logique, rigoureux et simple qui aurait dû permettre que l’usage de ce calendrier se perpétuât. Les douze mois de l’année comptent trente jours chacun répartis en trois décades. Les trois premiers mois sont ceux en « aire », ceux de l’automne : vendémiaire, brumaire, frimaire. Viennent ensuite les trois mois en « ôse » de l’hiver : nivôse, pluviôse, ventôse. Suivent les trois mois en « al » du printemps : germinal, floréal, prairial. L’été clôt l’année avec les trois mois en « dor » : messidor, thermidor, fructidor. Les cinq derniers jours (six pour les années bissextiles) sont des fêtes, les sanculotides.

Le calendrier de la république française fut adopté par la Convention en octobre 1793. Or le premier jour de cette ère nouvelle est fixé au 22 septembre 1792, ce qui signifie que l’an I n’a jamais été utilisé au présent. Ce calendrier fut en usage jusqu’en 1806 (an XIV). Napoléon Ier, ce sanguinaire dictateur fossoyeur de la Révolution, fit alors revenir au calendrier grégorien. Tandis que le système décimal et le système métrique se sont pérennisés et généralisés sur la planète, il n’en est rien de ce calendrier qui s’affronte aux croyances séculaires, à la puissance du clergé et aux superstitions religieuses. De nos jours, il est même difficile de laïciser les noms des congés scolaires en France. Seul l’Uruguay a réussi à décréter la laïcisation de toutes ses fêtes légales.

C’est bien connu : la Révolution a dévoré ses enfants. Les deux « pères » du Calendrier Républicain ont été emportés par la tourmente de la Terreur. Fabre d’Eglantine fut condamné à mort et guillotiné avec Danton en avril 1794 (germinal an II). Quant à Charles Romme, impliqué dans l’insurrection jacobine et populaire contre la Convention Thermidorienne le 1er prairial an III (20 mai 1795), il fut aussi condamné à mort, mais préféra le suicide à l’échafaud.

Le Calendrier Républicain eut quelques moments de résurrection. On oublie souvent qu’il fut remis en usage par la Commune de Paris de 1871. D’autre part, nombre de sociétés de Libre Pensée qui se sont constituées à la fin du XIXème siècle et au début du XXème le remirent en œuvre, même si le calendrier n’avait alors plus rien d’officiel. Pour ma part, j’ai toujours plaisir à utiliser ce repère temporel, grande œuvre scientifique, poétique, anticléricale, rationaliste et républicaine.

Denis PELLETIER

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3 Commentaires

  1. Bouëtel

    Merci pour ce cours d’histoire. Je reconnais là en toi l’ancien enseignant.

  2. François Ledru

    « les républicains » quelle blague ! Plutôt « les capitalistes » ? Je me suis permis d’envoyer à Sarko une mini-carte avec (je résume) : on n’est pas républicain quand on pense que le curé vaut mieux que l’instituteur, on n’est pas républicain quand on est « Loi Carle » Ledru

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