Bientôt des cours de «morale laïque» à l’école ?
Le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, a annoncé pour la rentrée une mission chargée de réfléchir à la «morale laïque» et à son enseignement.
Par KIM HULLOT-GUIOT
L’annonce est passée (presque) inaperçue. Le 11 juillet, devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, Vincent PEILLON a signalé qu’une mission serait chargée de cogiter sur la «morale laïque» et son enseignement, dès le mois de septembre. Pour l’instant, c’est le flou – contacté aujourd’hui, le ministère de l’Éducation nationale explique que «la lettre de mission n’est pas encore partie», et qu’il faudra attendre la rentrée pour en savoir davantage.
Nostalgie des hussards de la IIIe République ?
Vincent PEILLON a tout de même indiqué, devant la commission, que la mission devra penser «la conception que nous devons diffuser de la laïcité», qui n’est «jamais la simple tolérance, l’indifférence, la neutralité» et implique «des valeurs qui doivent être inculquées». Ces propos s’inscrivent dans l’esprit d’un ouvrage écrit par le ministre en 2010, consacré au prix Nobel de la paix Ferdinand Buisson, un des maîtres d’œuvre des lois sur la laïcité sous Jules Ferry. Le titre, d’ailleurs, est tout un programme : Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson.
En 2003, la Commission Stasi s’était penchée de manière plus générale sur le principe de laïcité et son application dans la République. Mais depuis la disparition des leçons de morale à l’école publique, en 1968, personne n’avait cherché à ramener la laïcité dans le champ de la morale.
Délicat, au demeurant, de définir ce que serait une «morale laïque». Pour le philosophe Henri PENA-RUIZ, spécialiste des questions de laïcité, «il s’agit de l’idée selon laquelle la morale n’appartient pas aux seules religions et qu’il existe des valeurs communes […] sur lesquelles croyants, agnostiques et athées peuvent se retrouver», a-t-il expliqué au Figaro. Ajoutant : «Il n’existe pas tant une morale laïque qu’un rapport laïque à la morale.»
Marc SIMON ( Qui a dit : « Quand on veut enterrer un problème, on crée une commission.» ?)
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