Les tentatives d’ingérence dans les consciences
En 1992, un philosophe extrême-oriental venant du Levant, qui avait fini sa course à l’extrême pointe occidentale de notre monde, aux États-Unis, nous expliquait que l’Histoire s’était achevée avec la chute du mur de Berlin et que le modèle de la démocratie libérale allait partout triompher. Il en était fini d’une certaine façon de l’histoire…
Ce trop bel optimisme est battu en brèche par le tragique de notre monde actuel
La Liberté de conscience, l’année de tous les dangers
Le congrès 2018 de l’ADLPF était placé sous l’exergue : « La Liberté de conscience, l’année de tous les dangers ». Cette alerte, limitée à notre pré carré européen et français, ne pensait pas, au regard du chaos mondial actuel, être aussi perspicace qu’elle le présumait.
Un retour des régimes autoritaires, tyranniques, menteurs et brutaux ne peut que nous inquiéter. De plus, nous constatons que la victoire par les urnes de ces mouvements est hélas le résultat et la collusion de trois dangers pour la liberté.
- Le premier est un antidémocratisme virulent qui n’hésite plus à valoriser et à encourager un retour aux pires motifs des années trente : le déclin national, avec recherche d’un bouc émissaire ; l’étranger ou la minorité ; le mépris du droit et l’appel à peine voilé à la violence, mais aussi et surtout le rejet des accords internationaux, qu’ils soient commerciaux, institutionnels ou pacifiques. Au-delà de ces tristes motifs nous avons un retour de ces régimes despotiques qui, dans les années de la guerre froide, de l’Espagne à l’Amérique latine, du centre Europe à l’Asie, ont imposé leur terreur aux peuples sous une poigne de fer.
- Le second est une purge ultralibérale qui renforce les inégalités qui asservissent économiquement les classes défavorisées. Le renforcement des inégalités, dicté par une mise en coupes réglées des politiques de redistribution et par le démantèlement des législations du droit du travail, s’appuie sur une démagogie obscène qui n’hésite plus à critiquer pêle-mêle toutes les avancées de liberté des dernières décennies.
- Enfin le troisième danger est le soutien de nouveaux mouvements religieux, messianiques et rétrogrades qui dominent et exploitent idéologiquement et financièrement leurs ouailles et apportent un soutien sans faille aux régimes illibéraux : Évangéliques au Brésil, Orthodoxes en Russie, Catholiques en Pologne, Frères musulmans en Turquie… Une contamination intégriste, quel que soit le monothéisme, qui lit les textes à la lettre et sans esprit et souhaite par le truchement du pouvoir (comme toujours pour les religions, la liaison intime entre sacerdoce et politique) imposer sa vision du monde et de la société.
Nous avons là un retournement à leur profit du libéralisme de la démocratie qui, sur les questions de liberté de conscience, laisse faire. Cette indifférence, cette liberté, leur donnent un espace où prospérer jusqu’au moment où le point de non-retour risquera de s’installer durablement…
Des dictatures qui, sous couvert de ramener l’ordre, de lutter contre le chaos mondial actuel, sont avant tout le bras d’une lutte sociale mondialisée que les déséquilibres de la globalisation marchande accentuent. Certaines classes, que la mondialisation lamine, ne veulent plus rien partager. Elles qui ont bénéficié des politiques de modernisation et de redistribution s’allient maintenant avec un capitalisme qui souhaite retrouver sa rente. Cet ensemble socialement hétéroclite s’appuie sur une démagogie numérique dont les dégâts palpables sont du même registre politico-historique que dans les années trente.
Nous sommes sidérés par l’irrationalité de ces politiques illibérales et pro-religions qui n’ont que le discours de la violence pour prétendre résoudre les problèmes, mais aussi et surtout par l’absence de mémoire et de mise en perspective historique de ces classes populaires en déshérence politiques qui se jettent corps et âme dans les bras de ces dangereux démagogues…
Oui, la liberté de conscience est menacée que cela soit dans une version douce ou que cela soit dans des versions autoritaires et violentes style Victor Orban en Hongrie ou Jair Bolsonaro au Brésil…
Oui, dans notre monde de communication, de propagande généralisée, la liberté de conscience est le premier rempart qu’il faut protéger. Quand celui-ci se rompt, il est souvent bien trop tard et quoiqu’en disent certains, la liberté de conscience n’est pas la marotte d’une classe bourgeoise voltairienne mais le cœur de notre modernité universaliste et humaniste.
Oui, ne désespérons pas, nous en avons vu d’autres ! Poursuivons notre action en modernisant nos outils de communication. Notre nouveau site est prêt et notre revue Adogma est sous presse. Nous nous faisons une gloire de notre militantisme d’éducation à la liberté de conscience.
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