Un régime concordataire avec six religions reconnues est impossible en France
Les six religions monothéistes reconnues sont les Églises : catholique, orthodoxe, protestante puis le Consistoire israélite, les religions musulmane et bouddhiste. Leurs pratiquants représentent 37 % de la population française. Alors que cette même population comporte 63 % d’incroyants, répartis entre athées convaincus 29 % et indifférents aux dogmes 34 %, selon un sondage WIN-Gallup international de 2012, Cf. journal le Monde du 07 avril 2016. Plus de la moitié des Français ne s’intéresse pas à la religion ! Pourquoi forcer le destin républicain et imposer un débat incohérent, non désiré ?
Avant 1905, Le Concordat de 1801 était en vigueur : véritable contrat d’entente passé entre N. Bonaparte pour la France et le pape Pie VII pour le Saint-Siège. Ainsi la religion catholique, très pratiquée, s’ingérait-elle inlassablement dans la gouvernance de l’État, provocant l’instabilité politique du début de la IIIème République : l’Ordre moral de Mac Mahon (1873 à 1876), la tentative de rétablissement monarchique puis la victoire aux Législatives des Républicains ; un climat délétère perturbait la population : dîners et journaux partisans … la guerre civile couvait. Vient la Loi de 1905 ou « l’anti-concordat » qui instaure désormais la Séparation des Églises et de l’État. L’Église y trouve son compte avec l’entretien public de tous les établissements cultuels construits avant 1905. Loi de protection véritable garantissant la paix sociale sur le territoire national. Elle traite tous les citoyens sur un pied d’égalité puisque la République place la liberté de conscience au-dessus des religions, reléguées au domaine privé des individus. L’article 2 précise : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Chaque religion par conséquent est responsable de sa gestion financière, de ses orientations et réformes internes.
Loi de 1905 et concordat multireligieux : l’impossible coexistence
Or en 2019, le Président Macron veut supprimer cette distanciation protectrice faisant ainsi un contre-sens inexcusable, car cette Séparation voulue n’est pas une « division » de la population mais une mesure de neutralité publique bénéfique. La prétendue société de confiance est une utopie. D’une part le Concordat démultiplié favoriserait les six religions reconnues qui n’auront de cesse de profiter de l’aubaine des fonds publics dispensés aux cultes, d’autre part ces subsides manqueront cruellement au fonctionnement des établissements publics (hôpitaux, écoles, tribunaux, prisons …). Est-ce le moment, Monsieur le Président, d’engager une révolution concordataire imposée, sans consultation populaire (Référendum) ? La France reste économiquement fragile, chômage, pouvoir d’achat amoindri des retraités et agents précaires et huit millions de pauvres, de mal logés, de mal nourris …
Un concordat, comme le nom l’indique est un accord – entente idéologique et financière -passé entre deux parties (Concordat de 1801). Chaque contractant essayant de tirer des avantages. Prenons des exemples : l’État veut contrôler la formation des imams qui suivent des cours validés par les universités ; en contrepartie l’Islam devrait bénéficier d’un rattrapage financier, selon le slogan des catholiques « égalité – équité » entre les religions. Ou encore les fonds publics – issus des impôts de tous – seront versés aux écoles, maisons de retraite, hôpitaux, privés cultuels … Là où l’argent abonde, les profits ne tardent guère.
Des menaces pèsent déjà sur ce régime concordataire, mort-né
Un peu de réalisme historique pour les politiques français : la Saint-Barthélemy (1572), la Révocation de l’Édit de Nantes (1685) sont des cicatrices dont la France ne se remet pas ; aujourd’hui-même certains Français sont partis en Orient pour s’associer au djihad. En France comme ailleurs, les religions génèrent toujours des conflits. Car chacune des religions monothéistes se dit l’unique détentrice de la révélation divine. Comment faire converger ces rivalités ? L’égalité de traitement entre religions : c’est la neutralité de l’État ; la République française est « une, indivise, laïque et sociale ». Fonds publics au Public (il y a tant à faire) « Charité bien ordonnée commence par soi-même » ! Fonds privés aux religions abondés par leurs adeptes. Les députés et sénateurs ne peuvent être dupes d’un coup d’état concordataire.
Pourquoi y aurait-il nécessité de contracter avec six religions ?
Le terrorisme des extrémistes islamiques est réel en France. Faire le pari de calmer les ardeurs religieuses en donnant de l’argent à l’Islam qui n’est pas unifié, ou aux chrétiens absorbés par l’Église évangélique, est douteux.
L’histoire a démontré que le Concordat n’a pas fonctionné avec une religion prépondérante. Pourquoi concevoir que cela fonctionnerait mieux à plusieurs ? La France n’est pas un laboratoire expérimental. Le brassage des populations demande certes de l’intégration – la France reste un pays d’accueil – mais la laïcité citoyenne prime sur le religieux qui appartient au domaine privé des passions. De plus, les athées, agnostiques et philosophes humanistes – majoritaires en France – ne seront pas représentés. Parfois consultés et encore dans une infime proportion qui n’est pas représentative de leur multiplicité. Il existe déjà un Bureau des cultes chargé des relations avec les six religions. Pourquoi compliquer la situation ? Il serait dans vos inclinations, Monsieur le Président, d’aimer dialoguer avec les religieux ? Raison de plus pour que vous nous assuriez du strict respect de la loi de Séparation. L’un compenserait l’autre.
Gageure impossible : instaurer un régime concordataire multireligieux
Si c’est conceptuellement ingérable, c’est institutionnellement irréalisable et irréaliste : ni les parlementaires, ni le Conseil d’État, ni le Conseil constitutionnel n’autoriseront ces intrusions. Par ailleurs, les six religions « concurrentielles » ne veulent absolument pas être traitées sur le même plan ; le Recteur de la grande mosquée de Paris s’est déjà exprimé dans ce sens. Il n’y aura plus de dîner commun autour de la table présidentielle. Enfin, les autres religions marginales, minoritaires, ne sont pas considérées, ce qui créerait une inégalité de traitement … Ne mettez pas un doigt dans cet engrenage infernal.
Vers une concorde sociale ?
« Entendez-vous dans vos campagnes … ? ». Les Français se révoltent : ils n’ont plus de quoi vivre décemment, les Femmes sont sorties de leurs entreprises, bureaux, écoles, hôpitaux. Elles veulent du travail, du pain, de quoi se soigner, de l’essence pour la mobilité … et la paix sociale. Les étrangers ne sont pas un problème, avec leur culture et leur culte. C’est vous, Président qui êtes étrange. Certes il faut faire des réformes en France, mais le régime concordataire multireligieux est une grave erreur d’appréciation. La France est un pays humaniste et libre. Laissez les Français croire, changer de religion, ou ne pas croire du tout. La liberté de conscience permet toutes les autres libertés, nul besoin de concordat … occupez-vous urgemment du social. Laissez ce champ (chant) libre aux Français.
Nicole FAVOT
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