Affaire du voile à l’Assemblée régionale de Dijon : Protégeons la liberté de conscience des jeunes enfants !
Il est temps que le législateur promulgue une loi pour clarifier la question des bénévoles qui accompagnent les sorties scolaires.
La confusion est à son comble…
…et elle est volontairement entretenue. D’une part la question de la neutralité des accompagnants de sorties scolaires et de l’autre une réflexion d’un conseiller régional RN à l’assemblée régionale de Bourgogne-Franche-Comté contre une accompagnatrice scolaire voilée qui se trouvait dans l’enceinte de cette assemblée. La réflexion de cet élu RN déplace le problème et suscite la polémique. Deux événements liés mais pour de mauvaises raisons…
Sorties scolaires et enseignement de la liberté de conscience
Des remarques s‘imposent :
- Les accompagnants scolaires sont du personnel bénévole occasionnel de l’administration et soumis dans ce laps de temps aux règles de la fonction publique ; pour preuve, ils sont, en cas d’accident, assurés et couverts par l’Éducation nationale.
- Les sorties scolaires ne sont pas un droit des parents d’élève mais une façon de suppléer au manque d’encadrement pour des raisons de sécurité.
- La sortie scolaire est un prolongement pédagogique de l’école parmi d’autres ; ce n’est pas une distraction, encore moins pour les parents d’élèves, mais une autre forme de transmission du savoir, très souvent accompagnée d’un dossier et d’une réflexion de la classe sous la forme d’un projet pédagogique.
- Il s’agit d’encadrer tous les enfants d’une classe et pas uniquement son propre enfant. Tous les enfants, quels que soient les choix philosophiques et religieux des parents, ont droit à la neutralité de l’encadrement au moment des sorties scolaires, comme ils l’ont dans l’enceinte de l’école.
Il y a ici un conflit entre deux libertés :
- D’une part la liberté de conscience (en particulier celle des enfants),
- De l’autre la liberté religieuse des accompagnants.
Or, certains analystes politiques ou médiatiques dévoyés privilégient aujourd’hui la manifestation de la liberté religieuse de l’accompagnant au détriment de la liberté de conscience des jeunes élèves accompagnés.
Est-ce tolérable dans notre République laïque ?
Seuls doivent prévaloir l’enseignement, l’illustration de la liberté de conscience des élèves et des jeunes enfants, qui sont des citoyens en devenir. Et c’est l’espace scolaire au sens large qui justement permet à beaucoup d’entre eux de se sortir de certaines emprises et de construire leur entendement et leur jugement.
Un double ou triple piège pour les vrais laïques
Les vrais laïques ne doivent pas tomber dans la double provocation qui se met en place :
- Celle de l’islam politique qui teste par petites touches bien ciblées nos faiblesses et nos capacités à défendre la laïcité,
- Celle du Rassemblement National, ripoliné en défenseur de la laïcité alors que l’histoire de cette famille politique est loin de faire honneur aux principes laïques républicains…
De surcroît nous libres-penseurs ne devons pas alimenter le face-à-face politique, entre LRE et le RN, forcément délétère pour la démocratie, que le gouvernement et le président de la République s’efforcent à l’évidence de mettre en place en prévision des prochaines élections présidentielles. D’où, à n’en pas douter, les atermoiements pour légiférer…
Mesdames et Messieurs les députés : un peu de courage législatif !
Il semblerait que le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ne soit pas favorable au voile qui, comme il l’affirme sur BFM-TV, « n’est pas quelque chose à encourager […} Ce que ça dit sur la condition féminine n’est pas conforme à nos valeurs. »
Nous ne lui demandons pas un commentaire général sur la question du voile dans la société, mais une clarification concernant les accompagnant(e)s de sorties scolaires. Et par pitié, qu’il supprime ce tic de langage infantilisant de « maman » au lieu de parente d’élève ! …
Que ne fait-il pas comme son prédécesseur Chatel avec la circulaire n° 2012-056 du 27-3-2012 ?
Une loi peut servir de modèle, celle du 3 mars 2004 sur les signes religieux ostentatoires. Il est simple de comprendre que seule une loi peut et doit clarifier la question des accompagnements scolaires. Une loi simple… qui protège la liberté de conscience des enfants !
Espérons que les manœuvres de communication politiciennes n’obscurciront pas l’évidence qu’impose la Raison.
Thierry Mesny,
Président de l’ADLPF
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