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Qui a éteint les Lumières ?

21 Sep 2012

de CHERMAIN Claude . « construire la République »

Pourquoi commémorer le 220ème anniversaire de la République ?

Force est de constater que sous la pression des Libéraux et des communautaristes, l’action politique est aujourd’hui souvent perçue comme vide de sens.

Les intérêts particuliers l’emportent trop souvent sur l’intérêt général !

La désorganisation sociale fait peser de lourdes menaces sur le droit à l’emploi et les droits sociaux. L’instruction des citoyens est insuffisante pour assurer la cohésion sociale, les niveaux de formation ou de qualification ne répondent pas aux enjeux de la mondialisation, les revenus du travail et la pression fiscale n’assurent plus le principe d’égalité…

Les Français semblent attachés à la fonction présidentielle… dans une attitude béate d’attente de la providence… en contradiction avec l’idéal républicain qui tend à placer les hommes au centre du débat politique… et cette présidentialisation du pouvoir réduit la valeur, la capacité de réflexion et l’intérêt des proposition des partis politiques…

De plus, bien que l’Article II de la Constitution Française affirme avec force que « La République Française est une république sociale et laïque ».

Aujourd’hui nous savons bien qu’il nous faut encore faire face à des menaces de nouvelles ténèbres et à des menaces de nouvelles oppressions …

Mais alors que faire ? Il n’y a qu’une réponse : il faut des actes et encore des actes !

Des actes… oui… mais d’abord, il nous faut réaffirmer : les principes du triptyque républicain : Liberté, Egalité, Fraternité.

réaffirmer la Liberté :

Pour un républicain, la liberté se construit par la croissance de l’autonomie du citoyen dans son environnement. Cette autonomie se conquiert par l’enseignement public, par la formation, par les luttes économiques, sociales et politiques et toujours grâce à l’extension du service public.

Pour les libéraux la liberté est celle du renard dans le poulailler quand ils disent que chacun peut faire ce qu’il veut.

Pour les communautaristes, la liberté se réduit à la liberté pour sa communauté d’imposer ses dogmes.

La conception républicaine de la liberté laisse à chaque citoyen, dans le respect de la loi républicaine et en pleine conscience, de souscrire ou non à tel ou tel dogme.

réaffirmer l’Égalité :

Pour un républicain, l’égalité des droits de tous les citoyens est la pierre angulaire de tout système social.

Les libéraux souhaitent le remplacement du concept d’égalité par le concept d’équité qui propose que les droits doivent être distribués en fonction des besoins de chacun.

Les communautaristes préfèrent l’égalité entre communautés et non entre citoyens.

Pour un républicain le combat pour l’égalité est indissolublement lié aux autres principes républicains. Elle se réalise par la loi et par l’extension des droits.

Réaffirmer la Fraternité :

La fraternité est la traduction morale du principe républicain. Elle découle de la liberté et de l’égalité.

Si chacun est indépendant de tout autre, et si tous sont égaux devant la loi qu’ils se sont eux-mêmes prescrite, il en résulte entre les citoyens une relation qui n’est ni personnelle (sentiments et préférence) ni purement sociale (appartenance) mais qui est inhérente à la nature politique de leur association.

Cette relation les rend solidaires dans la défense et la promotion de leurs droits et fait que personne ne peut se sentir ni au-dessus ni au-dessous de personne.

La fraternité n’est pas l’amitié (sphère privée). Elle ne réclame pas non plus qu’on partage le même idéal, les mêmes valeurs, le même projet ou les mêmes croyance. Elle énonce le lien d’estime, de respect et de solidarité entre des citoyens libres, égaux et auteurs des lois qu’ils s’imposent.

Cette solidarité consiste en l’aide et assistance envers autrui avec processus d’intégration.

Les libéraux contestent cette solidarité en estimant que chacun doit se débrouiller seul.

Les communautaristes préfèrent la charité qui consiste en l’aide et assistance sans intégration.

Il nous faut réaffirmer et renforcer la laïcité qui est un des principes fondateurs de la République et de son unité

La laïcité est une attitude philosophique et pratique qui rejette le dogmatisme comme fondement des lois et des décisions politiques. Elle consiste en une stricte séparation entre la sphère publique et la sphère privée. Cette laïcité-séparation peut donc s’appliquer aussi bien à l’économie qu’à l’idéologie. Elle est la matrice du concept de service public dans l’économie. Dans le domaine de l’idéologie, la laïcité est anticléricale mais pas antireligieuse.

Elle est combattue par l’idéologie libérale qui souhaite rabaisser la laïcité à une simple tolérance.

Elle est combattue par l’idéologie communautariste pour qui le dogmatisme de la communauté doit primer sur la volonté générale, expression démocratique et républicaine du peuple.

Il nous faut réaffirmer également les principes de la démocratie républicaine

les vertus de la République :

La République est une forme politique particulière de démocratie, respectant les principes de liberté, égalité, fraternité et laïcité, dans laquelle le peuple souverain prend en quelque sorte des précautions contre lui-même, en se donnant des institutions et des organes qui lui permettent de respecter ces grands principes.

Dans cette organisation politique des hommes libres, citoyens, débattent publiquement pour déterminer la volonté générale, qui transcende la somme des volontés particulières. Le débat doit donner droit de cité à la raison, au doute méthodique, et permettre ainsi de lutter contre le conformisme. Aucun citoyen ne peut être contraint par une décision qui, sous prétexte qu’elle aurait été prise par le peuple, pourrait se révéler illégitime ou tyrannique.

De façon à lutter contre toute forme d’oppression et en particulier technocratique, la République respecte un système de contrat social.

Les vertus de la démocratie :

Pour un républicain, la démocratie doit s’exprimer au niveau de la nation. Un système est démocratique si, et seulement si, sont assurés :

La transparence et la connaissance par tous du processus de vote

La transparence et la connaissance de l’étendue des pouvoirs des élus

Les libéraux et les communautaristes réduisent souvent la démocratie à un processus de vote. C’est pourquoi la République a comme adversaire le libéralisme et le communautarisme. Et comme ennemi le fascisme. Pour faire face aux attaques incessantes, sourdes et rampantes des libéraux et des communautaristes, nous ne saurions travailler sans exigences fortes. Pour un républicain, aucun poste important ne doit être pourvu sans application d’un processus démocratique. L’histoire doit nous servir de leçon. Nous savons comment commencent et comment finissent les attaques contre la République et ses valeurs!

Rappelons-nous que la République est née d’un immense besoin de démocratie.

En 1789, la révolution française va opérer une rupture profonde avec l’ordre établi.

Au niveau politique, le changement est clair.

Avant la réunion des États généraux, le 5 Mai 1789, règne la monarchie d’ancien régime.

Le pouvoir reste de droit divin et le roi en est le seul détenteur.

En s’autoproclamant « Assemblée Nationale Constituante » les états généraux, en fait le tiers état, changent la nature du pouvoir.

Celui-ci émane désormais de la volonté du peuple et ce sont ces représentants qui ont le droit de l’organiser en établissant une nouvelle règle du jeu : la constitution.

De sujet nous sommes devenus des citoyens.

Et en instaurant la république, le 21 septembre 1792, la Convention, nouvelle assemblée élue au suffrage universel, fait un pas de plus : elle attribue la totalité du pouvoir aux députés de la Nation, puisqu’il n’y a plus de chef d’état.

Voilà pour la réaffirmation des valeurs républicaines.

Mais cela ne suffit pas.

La République est une idée qui mérite d’être en perpétuel mouvement.

émettre les enjeux à la portée du plus grand nombre, par le débat des idées.

L’action des Républicains doit savoir engendrer un vaste processus d’intégration politique et d’accomplissement démocratique Ce moment rebelle doit tendre à une émancipation des citoyens, et démontrer que le changement est possible, même avec une dose d’utopie et qu’il n’est pas un combat désespéré, en plaçant l’homme au centre du monde et en œuvrant à son bonheur !

La méthode du débat : lançons un vaste forum « pour de nouveaux cahiers de doléances »

On a souvent abandonné et on s’est fait volé sans souvent réagir, le drapeau tricolore, l’idée égalitaire de la Nation souveraine, la Marseillaise…

Le temps est venu d’engager le combat pour une République réaffirmée et réinventée.

La République, dans son instauration ou dans ses restaurations, a toujours été un moment fort de conquête des droits des hommes et des femmes de FRANCE.

Habitués au devoir de mémoire, nous la connaissons bien cette République.

Aussi aujourd’hui, quitte à dramatiser, osons dire qu’il faut la rénover si on ne veut pas la voir renversée demain dans un silence total.

Le modèle français de République est en crise. La normalisation libérale européenne qui cherche à s’imposer, suppose la destruction de tous les repères qui la définissent : citoyenneté, égalité, laïcité, service public, État, Nation.

La République est pourtant le seul rempart contre la montée des dérives et des communautarismes antirépublicains. Et c’est le seul moyen pour enrayer le zapping électoral auquel se livrent de nombreux électeurs qui ont perdu toutes espérances et tout idéal.

L’état cède du terrain aux intérêts privés.

Il abandonne ses missions publiques d’éducation, de santé, de protection, aux intérêts du privé et à la logique du profit.

L’ Europe en construction n’est pas ce grand espace de citoyennes et de citoyens libres et égaux, mais un conglomérat d’intérêts économiques.

La démocratie du spectacle, l’affichage exacerbé des volontés de dissemblance, l’énoncé multiculturel, … participent à la déconstruction de la République.

Il nous faut donc rebâtir, et nous ne manquerons pas de travail !

La République c’est un état d’esprit. Et cet état d’esprit, il faut le conforter partout et surtout là où il est nécessaire de rétablir les règles de l’éthique républicaine.

Ou peuvent alors se battre des républicains ?

Dans la réaffirmation de l’unité et de l’indivisibilité de la République

Dans le droit à la sécurité reconnu dans l’art 2 de la déclaration des droits de

l’Homme et du Citoyen d’Août 1789. Et c’est un droit d’abord pour les plus fragiles qui sont naturellement ceux auxquels les progressistes pensent en priorité.

Quand les lois de la République s’effacent, qui protègent les plus faibles ?

Dans la pratique du pouvoir, de la base au sommet. Car de droite comme de gauche, nombreux sont ceux qui oublient le sens de leur mission.

Une seule façon d’être et d’agir, une seule façon de décider doit prévaloir : celle du service de la Nation. Car la Nation, est non seulement la réalité vivante à laquelle nous sommes tous attachés, mais surtout c’est le lieu où bat le cœur de la démocratie, l’ensemble où se nouent les solidarités les plus profondes. Elle reste le cadre naturel des réformes essentielles.

Dans la remise en ordre du travail humain afin de l’affranchir des servitudes qui pèsent sur lui et le déciment… Il faut au monde moderne une régénération profonde… et faire servir notre travail à renouveler le peuple, c’est-à-dire à l’éclairer, à l’instruire, à lui faire part des vérités morales que son travail, trop souvent purement matériel, mené dans des conditions de peine et de misère, ne lui a pas toujours permis de découvrir lui-même

Dans la construction d’une économie de progrès social en faveur du peuple et au service de la Nation… et replacer la justice sociale au premier plan des objectifs de la République

Dans le rôle de l’école pour retrouver son rôle fondamental et redonner des repères. L’instruction civique en est le moteur. Pour former des citoyens il faut une éthique.

La recherche de la vérité, le courage de la dire, le goût de l’effort, le respect du savoir.

C’est sur ces terrains que se gagneront la bataille de la formation, la réussite de l’intégration, l’égalité réelle des chances.

Dans la construction de la citoyenneté où il faut une démocratie locale rénovée :

par la participation de tous à la vie démocratique, par l’abolition de l’apartheid social entre les centres-villes et les périphéries, par la mise en place d’une intercommunalité pertinente, avec l’impérieux souci d’éviter, à travers les politiques de décentralisation, la constitution de nouvelles castes de notables ou de potentats régionaux.

Dans l’indépendance nationale car la citoyenneté ne peut être exercée que dans un pays libre. Pour un républicain, l’indépendance nationale et la citoyenneté sont indissociables.

Notre but devrait être de refaire de la France une nation de citoyens conscients.

De retrouver la force de la Révolution française : réinventer et asseoir l’idée de « nation » sur le contrat social et sur la volonté générale.

Nous qui prenons la politique au sérieux, nous devons inventer les traits d’une République Moderne, dans le respect de cette belle idée qu’est la Nation.

Pas dans sa conception ethnique, mais dans celle d’un patriotisme naturel, ouvert sur l’universel qui donne la primeur au talent et non à la couleur !

Il nous faut également travailler à républicaniser la construction européenne, donner un horizon aux politiques sociales, responsabiliser les citoyens, responsabiliser les services de la République…

Le temps est manifestement venu de ressourcer l’action politique et philosophique aux valeurs des Lumières que la Révolution Française a inscrites dans le droit.

La situation exige que la citoyenneté soit confortée et affirmée, afin que réellement des femmes et des hommes soient libres et égaux en droits, solidaires en fraternité.

Voilà citoyennes et citoyens, les tâches qui nous attendent.

Mais la République est difficile.

Car l’injustice trouve toujours des soutiens en tous ceux qui ont horreur de la démocratie.

La République se nourrit d’efforts incessants, tenaces, déterminés, d’un respect absolu des libertés, d’espoirs sans faille et conscients, lucides, de fraternité et de solidarité.

La République, c’est un idéal et un combat.

Elle engage à la lutte et à la revendication du bonheur universel, au mouvement du progrès.

L’idéal républicain impose que les bouches s’ouvrent, que la parole circule, que la démocratie respire.

Et c’est dans les cœurs et dans les têtes que nos batailles se gagneront.

Et comme la résistance est le premier devoir du citoyen, engageons-nous !

Vive la République !

Oui, vive la République. La belle et la vraie République. Celle de Septembre 1792.

Celle de la liberté absolue de conscience et du progrès indéfini.

Celle dont l’idéal est le bonheur commun …

Celle de 1944, avec le programme progressiste du CNR de 1943.

Oui la République est un combat difficile !

Mais comme l’écrivait MONTESQUIEU,

« La vertu politique est un renoncement à soi-même qui est toujours une chose très pénible. Cette vertu c’est l’amour des lois et de la patrie.

Tout dépend donc d’établir cet amour dans la République. »

Citoyens, citoyennes, dans ce combat ne comptons que sur nous mêmes !

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