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THEORIE DU GENRE

11 Déc 2014

Simone de Beauvoir écrit dès 1949 «on ne naît pas femme, on le devient». Dans «Le deuxième sexe », elle explique comment la civilisation et l’éducation agissent sur les enfants pour les orienter dans un rôle masculin ou féminin qui sert l’ordre social alors que filles et garçons ne seraient pas initialement distinguables.

En 1990, une philosophe américaine, Judith Butler, publie «Trouble dans le genre», qui devait marquer l’irruption dans le débat intellectuel de la «théorie du genre». La distinction entre homme et femme, ainsi que l’hétérosexualité, serait avant tout une construction sociale et culturelle. En somme, au-delà des seules différences biologiques, il existerait des interactions psychiques données par l’entourage ou  la société dans le but d’assigner à chacun des «rôles de genres». L’identité de genre serait donc le fruit de l’organisation de notre société et de l’évolution de notre civilisation.

Ces «rôles de genres» ou «stéréotypes de genre» font références à toutes les idées reçues que notre société véhicule concernant les caractéristiques assignées aux hommes et aux femmes (personnalité, valeurs, attitudes, habillement, goûts…) : «les petites filles jouent à la poupée et les petits garçons aux voitures», «les femmes sont sensibles et affectueuses, elles ont la préoccupation de l’apparence», «les hommes doivent être forts, se débrouiller seuls et ne doivent pas montrer leurs émotions». Ces stéréotypes illustrent les inégalités hommes-femmes comme par exemple les différences de salaires entre un homme et une femme au même poste, ou encore les difficultés pour accéder à certaines hautes fonctions en tant que femme.

L’égalité des sexes passe donc inévitablement par la reconsidération des dimensions culturelles, économiques, sociales et politiques des différences entre hommes et femmes. Comment promouvoir l’égalité homme-femme sans remettre en cause ces «stéréotypes de genre» ? Comment lutter contre les discriminations sexistes sans ébranler les fondements de l’identité de genre ? Comment enseigner à nos enfants que nous ne sommes pas déterminés biologiquement et que les stéréotypes de genre se trouvent à l’origine des inégalités homme-femme et de l’homophobie ?

La sémantique et la polémique

Le terme «théorie du genre»  est une très mauvaise traduction de l’anglais “gender theory” apparu dés les années 70 aux États-Unis, sous l’impulsion des mouvements féministes.

En anglais, le mot «gender» traduit par «genre»  est utilisé pour exprimer les différences entre femmes et hommes en insistant sur les différences culturelles plutôt que biologiques. En français usuel, le mot «sexe» et ses dérivés ( sexuel ,existe ) expriment toutes les dimensions des différences entre femmes et hommes.

D’où une dérive sémantique, le «sexe» ferait référence à la dimension biologique du masculin et du féminin alors que le «genre» renverrait aux aspects culturels de cette distinction. Pour moi, cette distinction est très artificielle car les exemples où le sexe biologique est différent du genre culturel sont très rares, ils concernent les transgenres peu fréquents quelles que soient les civilisations.

L’anglais «theory» correspond à une «hypothèse» alors que le sens français de «théorie» est celui d’une «construction intellectuelle méthodique et organisée». Là aussi, une dérive sémantique qui porte à confusion dans l’esprit des non-initiés.

La terminologie «études du genre» serait à mon avis plus pertinente et moins polémique. Il s’agit d’un domaine d’études universitaires. Les chercheurs veulent comprendre pourquoi et comment naissent les inégalités sociales entre hommes et femmes. Ils en décortiquent les mécanismes dans les champs politiques, sociaux, artistiques, historiques, philosophiques qui distinguent hommes et femmes. Ces études donnent lieu à des controverses passionnées entre chercheurs, mais elles n’ont jamais débouché sur une théorie politique. La « théorie du genre » n’existe donc pas, elle tient d’une rumeur et d’une mauvaise compréhension.

Ce terme «théorie du genre» est un épouvantail agité par les organisations religieuses de toute obédience mais aussi par l’extrême droite. Ils veulent ainsi combattre l’apprentissage d’une réelle égalité « homme-femme » à l’école (ABCD de l’égalité) et lutter contre la reconnaissance des diversités d’orientation sexuelle (mariage pour tous). Je vous rappelle que ce programme «ABCD de l’égalité» était un plan d’action pour l’égalité «fille-garçon»  qui visait prioritairement la formation des enseignants.  L’objectif était de lutter contre les «stéréotypes de genre» et le sexisme. Toutes les organisations religieuses ont condamné ce dispositif qui a été suspendu.

A ce titre, je pense que ce débat sur les fondements de l’identité sexuelle nous intéresse en tant que libres penseurs. Nous dénonçons le carcan rigide que les religieux veulent imposer aux femmes et aux hommes tant sur leurs différences que sur leurs orientations sexuelles : «les hommes à l’usine et à la guerre, les femmes à la cuisine et à s’occuper des enfants», «le désir amoureux ne peut concerner qu’un homme et une femme».

Je tiens aussi à mentionner que l’orientation sexuelle fait partie de la sphère privée, contrairement à l’identité sexuelle, qui appartient à la sphère publique. Le débat sur les désirs amoureux et les relations entre deux êtres humains est donc à mettre en dehors de cette discussion sur la «théorie du genre». L’amalgame est là aussi entretenu à dessein par les organisations religieuses et l’extrême droite.

La «théorie du genre» n’existe pas, mais par contre, subsiste le combat pour l’égalité des sexes et pour l’éclatement du carcan rigide du «stéréotype de genre» que les religions veulent imposer. La libre pensée prend part à ce combat de la raison contre l’obscurantisme ignorant et le créationnisme. Les différences entre «sexe biologique» ne  justifieront jamais que la société et la civilisation contraignent les hommes et les femmes à des rôles différents et prédéterminés.

Patrick LEFOULON

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3 Commentaires

  1. Gilles Poulet

    Les religieux et les conservateurs de tous poils ne supportent pas les avancées sociétales, ils sont vent debout, entre autres, contre tout ce qui vient modifier leur vue essentialiste des sexes. Pour un libre penseur, deux signes sont à mettre entre homme et femme: d’une part le signe "égal" d’un point de vue ethnique, social, politique etc. et le signe "différent" du point de vue biologique. Mais ici différent ne veut pas dire inférieur ni supérieur, simplement c’est un constat d’évidence qui amène d’ailleurs à postuler la complémentarité dès lors qu’on raisonne en termes de postérité. Quant aux orientations sexuelles, comme vous le dites si bien, elle relèvent de la sphère privée et d’elle seule… aussi longtemps qu’elles ne sont pas source de scandale publique. Je pense ici à la pédophilie et à quelques autres déviations qui mettent la liberté d’autrui en péril.

    • Danielle

      Gilles, je relève 2 points qui me font réagir dans votre commentaire.
      – la pédophilie n’est pas une orientation sexuelle, elle ne peut pas être mise sur le même plan que l’homosexualité. La pédophilie est un crime qui plus grave que la liberté touche l’intégrité de l’enfant. Comme le viol elle est est l’expression extrême et déviante de la domination masculine
      -vous dites "aussi longtemps qu’elles ne sont pas source de scandale public" voilà qui est quelque peu maladroit…la pédophilie ne doit pas attendre d’arrivée sur la sphère publique et faire scandale avant d’être dénoncée 😛

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