L’ADLPF veut porter ses idées aux États généraux de la Laïcité
Après réflexion et discussion, notre Conseil d’Administration a décidé de proposer la participation de l’ADLPF aux États généraux de la Laïcité. Le sujet est peut-être piégé, mais il nous semble que pratiquer la chaise vide aurait été la pire des attitudes, attitude que nous laissons à d’autres… Voici le communiqué transmis à Mme Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur
DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA LAïCITÉ POUR SORTIR DE LA TENAILLE… CHICHE !
Le gouvernement mène actuellement de nombreuses initiatives concernant la laïcité. La dernière en date est le lancement le mardi 20 avril par la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, Marlène Schiappa, des États Généraux de la laïcité. Il aurait été préférable que ceux-ci précèdent l’élaboration de la loi « pour conforter les principes républicains » actuellement en débat.
Ces États Généraux s’appuient sur une consultation en ligne de 50 000 jeunes de 18 à 35 ans qui sera restituée en juillet. Le choix de cette classe d’âge semble hasardeux au regard de certains sondages actuels concernant la faible maîtrise que ces jeunes possèdent de ce principe républicain. En revanche, si cet exercice peut se conclure sur une explicitation plus claire de la laïcité ; pourquoi pas ?, même si, depuis le début du quinquennat, les laïques rigoureux que nous sommes ont été échaudés par certaines initiatives du Président de la République qui allaient à l’encontre du principe de séparation.
L’ADLPF, dans la droite ligne des fondateurs de la Libre Pensée, soutient ardemment ce principe politique de séparation et considère que cette initiative répare enfin l’ostracisme dont sont victimes nos idées sur la scène publique. C’est pour cette raison que son bureau a examiné positivement cette possibilité qui nous est offerte de nous exprimer et de protester des principes et des valeurs que les Libres-Penseurs portent depuis 150 ans.
Pour nous, Libres-Penseurs non alignés politiquement, la laïcité est un principe politique et juridique qui n’est ni pour ni contre les religions, mais sans elles. La laïcité est un principe qui renforce la citoyenneté et non un principe qui aménage la juxtaposition des communautés religieuses. La seule communauté qui vaille en République est la communauté des citoyens, libres et égaux, sans préalable d’appartenance et la Libre Pensée, comme le dit Ferdinand Buisson, ne peut « […] reconnaître à une autorité quelconque le droit de s’opposer ou même de se superposer à la raison humaine ».
Notre défense inconditionnelle de la liberté de conscience garantie par l’article 1 de la loi de 1905 : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. » nous amène à porter haut et fort certaines revendications et inquiétudes, en particulier devant le séparatisme scolaire public/privé qui accentue le clivage social de la société française, devant des accommodements déraisonnables avec les cultes, quelles qu’en soient les confessions, qui ne fait que brouiller la claire séparation, mais aussi une inquiétude devant le clientélisme récurent et à courte vue de certains élus. Sans oublier les nombreuses hésitations politiciennes au détriment de l’unité de la Nation, en particulier par le maintien en Alsace-Moselle d’un concordat qui n’a plus lieu d’être. Un manque de courage inquiétant qu’amplifient les tentatives néo-concordataires d’organisation du culte musulman qui, si elles devaient aboutir, ne seraient pas sans effet sur les autres cultes. Et enfin la prégnance offerte aux six cultes « reconnus » par des rencontres officialisées au plus haut niveau de l’État, qui les positionnent comme des interlocuteurs privilégiés par-delà les citoyens, sur des questions bien autre que « l’intérêt de l’ordre public » et qui entache la saine séparation.
Tout ceci ne manque pas de nous inquiéter, raison pour laquelle nous sommes contre la politique de la chaise vide, car nous pensons que la sensibilité profonde que représente l’ADLPF, héritière de deux siècles de combats pour la liberté de conscience, doit pouvoir être écoutée afin ne pas laisser au contempteur de la séparation le monopole de l’expression de la laïcité et pour sortir de la tenaille décrite par Mme la ministre.
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