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Appel contre la racialisation de la question sociale

24 Août 2020

ADLPF La Libre Pensée Laïcité Appel contre la racialisation de la question sociale

Tout en restant fidèle à ses principes de non-alignement sur tout parti ou mouvement politique, l’ADLPF a signé l’appel suivant, qui correspond à sa position sur les méfaits du communautarisme envers la République laïque.

 La racialisation de la question sociale, une impasse.  Notre République laïque et sociale, une chance pour tous !

Le mouvement République souveraine, sociale, laïque et écologique, a pris l’initiative de réagir face à l’offensive du retour de « la race » dans le débat public, promouvant un multiculturalisme diviseur, rejetant la laïcité et reléguant la question sociale. C’est dans cet état d’esprit qu’a été proposé l’Appel ci-dessous, ouvert à tous ceux qui se sentent concernés, en vue de rassembler associations, personnalités et simples citoyens, dans le respect de l’indépendance de chacun et bornes de son contenu, pour contrer ce dévoiement qui est une impasse pour les idéaux d’émancipation et de justice sociale.

Alors que notre pays traverse une grave crise sociale, qui touche l’ensemble des membres de notre société, certains se sont emparés de l’affaire Georges Floyd pour tenter d’assimiler la France à un pays raciste.

Rappelons que notre pays n’a jamais connu la ségrégation, qu’il a été le premier à abolir l’esclavage dès l’apparition de la République (1794), et avec la fin du colonialisme que ses propres idéaux condamnaient, a parié sur l’égalité, rejetant les séparations selon les différences pour favoriser le mélange. Elle a su donner les mêmes droits civils, économiques et sociaux à chacun, pour dépasser par le haut les contradictions du passé. Cela a été non seulement le fait du combat des Républicains mais aussi de luttes sociales avec des acquis, qui sont inscrits dans notre Constitution. C’est une chance pour tous ! Ce qui d’ailleurs justifie aux yeux de bien des migrants de rejoindre notre territoire, la France étant devenue depuis 2019 la première terre d’asile d’Europe.

Aucune discrimination ne doit rester sans réponse, mais comment suivre pour autant ceux qui entendent imposer une unique origine raciale aux problèmes sociaux. Selon le baromètre de la commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, la France n’a jamais été aussi tolérante et ouverte au regard des étrangers. Le Défenseur des droits recense en matière de discriminations diverses 5.448 réclamations (rapport 2019) dont 14,5% relatives à l’origine et 2,6 % aux convictions religieuses (21,3 % et 3,7 % respectivement en 2016). On comprend mal comment on peut parallèlement affirmer qu’il s’agirait d’un phénomène de masse dit « systémique », car en les multipliant par dix, nous en serions encore loin. S’il y a des personnes, en raison de leur couleur, de leur religion, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur handicap, pour lesquelles l’exercice de leurs droits est mis en cause, cela relève d’une rupture de l’égalité qu’il faut combattre, et non d’un « privilège blanc », qui n’est qu’un fantasme déportant le combat, pour une cause juste, dans une impasse. On justifie même l’idée folle d’une police au service de ce prétendu « privilège », par essence raciste, alors qu’elle est à l’image de notre société, diverse. Elle est tenue au respect des droits de chacun, et dans ce domaine par ce qu’elle représente, doit se montrer exemplaire. La France est avant tout un pays de services publics en reflet du principe d’égalité qui trône au sommet de nos institutions, qui bénéficient à tous, où personne ne meurt devant un hôpital parce qu’il est de telle ou telle origine ou classe sociale. Le premier critère de discrimination est le handicap, avec 22,7% des réclamations, selon le Défenseur des droits. N’y aurait-il que des non-blancs qui en soient l’objet ? On voit combien il est absurde de tout rabattre sur la seule question de la couleur ou de l’origine.

Comme l’explique l’Observatoire des inégalités, à classe sociale égale, les enfants d’immigrés réussissent aussi bien que les enfants des non-immigrés. C’est bien l’appartenance à la classe sociale qui reste en matière de réussite le critère fondamental. C’est la place des enfants d’ouvriers qui n’a cessé de reculer dans les grandes écoles, toutes origines confondues.

A ne plus voir les choses que selon le différentiel entre les « blancs » et les autres, on alimente une victimisation généralisée, justifiant de ne plus penser qu’en termes de minorités opprimées et de séparation. On monte les uns contre les autres. On rend ainsi un service inespéré à un ultralibéralisme mondialisé qui conteste la souveraineté des peuples, favorisant un modèle multiculturel anglo-saxon de cloisonnement identitaire, qui annule la capacité à agir des forces sociales autant que celle à décider des citoyens. Il est d’ailleurs époustouflant de voir être importée des Etats-Unis, par des gens se revendiquant comme de « gauche », une idéologie raciale qui y a depuis toujours concouru à la devise « diviser pour mieux régner », reléguant la question sociale, tout en enfermant chacun dans une case. Nous n’en voulons pas !

Nous ne faisons qu’un peuple, croyants ou incroyants, de diverses origines ou couleurs, aux yeux de cette République. Elle est à la fois laïque, parce que l’Etat séparé des cultes ne reconnait que des individus de droit par-delà les différences, et sociale, parce qu’en conséquence, la protection sociale est aveugle à tous les particularismes. Nous engageons à lutter pour l’idéal de « Liberté-Egalité-Fraternité », car il est loin d’être mis en pratique toujours et partout. Mais cela vaut mille fois mieux qu’un monde où chacun défend les droits de sa « race » ou de sa religion. Il n’y a d’espoir que dans un combat politique où le peuple joue le premier rôle, celui d’un corps de citoyens souverains, qui voit plus haut et plus loin, pour le bien de tous.

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