En réformant à la hussarde les grands corps de l’État, Macron affaiblit l’Éducation nationale
Un inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale à la retraite nous écrit pour s’inquiéter des mauvais coups portés par la Macronie et ses affidés aux corps des fonctionnaires de haut rang : préfets, administrateurs des Affaires étrangères et réforme à la hussarde de l’ENA
« Tabula rasa » au profit de cabinets privés tel Mc Kinsey, dont on ignore comment sont formés et recrutés leurs membres, est la marque de la Macronie qui snobe ses hauts fonctionnaires. Il insiste sur les mauvais coups portés au corps des Inspecteurs généraux de l’Éducation nationale qu’il connaît bien.
Une entreprise de démolition.
« Monsieur Blanquer a nommé à la Direction générale de l’enseignement scolaire un haut-fonctionnaire qui n’avait pas eu, antérieurement, une expérience approfondie du fonctionnement du système éducatif. Dans la volonté constante d’affaiblir les structures pédagogiques et didactiques, la réforme du baccalauréat fut organisée – entre-soi – principalement entre juristes pour décider des orientations. Fussent-ils éminents, ces juristes ont confirmé la défiance chronique envers une inspection générale progressivement écartée depuis longtemps des rôles régaliens qui furent les siens notamment depuis la création du Conseil national des programmes … On mesure maintenant chaque jour un peu plus quelles en sont les conséquences. », écrit-il au Premier ministre tout en sachant qu’il y a peu de chances que celui-ci lise sa lettre.
Converti au « spoil system » marqueur de l’ultralibéralisme ?
Et il pose cette question, qui n’est pas anodine, « Des professeurs des écoles avec des Master 2 sont-ils aujourd’hui plus efficaces, plus armés que les instituteurs titulaires du Brevet supérieur à la sortie des écoles normales départementales où une solide formation professionnelle était dispensée ? ». La réponse, qu’il n’obtiendra pas, est dans la question.
Il est outré que les neuf inspections générales des ministères aient toutes subi le même funeste sort. À partir du 1er janvier 2023, les administrateurs de l’État seront sur des postes fonctionnels avec un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Nous ne sommes pas anglo-saxons, dit-il, pour instaurer le « spoil system » !
Ah les joies de l’ultralibéralisme ! Le spoil system est une spécialité étasunienne qui consiste à débarquer l’ensemble d’une administration pour la remplacer par une autre absolument docile puisqu’elle doit tout à qui la met en place. En France, l’Administration n’a pas cette funeste culture, elle sert loyalement le pouvoir en place.
Tout ça pour quelle politique, au juste ?
« Monsieur Le Premier ministre, quelle est l’architecture que vous prévoyez dans le cadre de votre parti politique pour le système éducatif de ce siècle ? », poursuit-il et de se gausser au passage en rappelant que M. Macron partage avec Claude Allègre, un ex-ministre de l’ÉN, deux échecs à l’entrée de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Voilà qui relativise la prétendue excellence intellectuelle et la super culture qui seraient une des caractéristiques du Président.
Il y a des choses qu’il est bon de rappeler et notre correspondant y excelle.
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