Guerres dans le monde : y a-t-il réfugié et réfugié ?
L’agression de l’Ukraine par la Russie inaugure une rupture historique dans le monde de l’après-guerre froide et de la mondialisation. Cette rupture réduit à néant la sagesse européenne issue de la fin de la seconde guerre mondiale, comme quoi rien n’est jamais acquis.
Cette sagesse de ne plus avoir de guerre sur le continent européen, mais de régler par le dialogue et la diplomatie les litiges entre États, n’est plus. Elle est partie en fumée et le réel nous revient dans toute sa brutalité, nous ébranle et perturbe en profondeur cet espace de paix si durement élaboré. Sidération et émotion d’autant plus grandes que l’initiative de guerre vient de la Russie, pays qui a le plus souffert au XXe siècle de la folie humaine.
Y a-t-il réfugié et réfugié ?
Au-delà de cette émotion se pose la question des migrants et certains s’émeuvent qu’il puisse y avoir deux poids deux mesures entre les réfugiés du Sud et ceux de l’Est, entre les réfugiés issus du continent européen et les autres…
Il n’est pas dans nos habitudes de faire des décomptes et de trier dans la misère humaine la bonne ou la mauvaise misère, de mener une discrimination nauséabonde entre migrants économiques et réfugiés au sens strict. Mais supposer que l’aide apportée aux Ukrainiens, qui sont bombardés et dont le pays est mis à feu et à sang par une conception d’un autre temps de la puissance impériale, serait une échappatoire pour ne pas recevoir les populations du Sud, semble être une vision bien réductrice de ce qui se passe sur le continent européen.
La situation actuelle en Europe donne le chiffre de 3,2 millions de réfugiés ukrainiens, ce sont à 90% des femmes et des enfants, 4,3 millions d’enfants ont été déplacés plus de la moitié des enfants du pays d’après l’Unicef, les hommes restant sur le terrain pour se battre. Un déplacement de population que l’Europe n’avait pas connu depuis la seconde guerre mondiale. Effectivement pour ce qui est de l’accueil, il n’en fut pas fait de même pour les Syriens, les Afghans ou les populations africaines. Si ce n’est que, dans certains cas, ils étaient dans les mains de certains États un outil de chantage diplomatique plus qu’une réelle préoccupation humanitaire.
Quelle attitude pour le libre-penseur ?
Comment faire face à une situation urgente, préoccupante qui met en jeu la paix dans le monde ? Une situation qui s’impose de fait comme une priorité sur le continent européen et qui risque de fermer la porte à certains.
Que faire pour garder notre humanisme ? C’est une question sans réponse pour le moment dont l‘acuité va aller croissant avec la crise alimentaire qui se profile et la déstabilisation mondiale que cette guerre va entrainer en cascade.
Notre voix est noyée dans le tumulte déclenché, mais elle ne se grandirait pas à prétendre que la priorité donnée à l’accueil des Ukrainiens serait due à leur supposée religion : accueillir les chrétiens plutôt que les musulmans.
Quelles conséquences pour la Libre Pensée ?
Notre mouvement a longtemps promu le pacifisme et l’antimilitarisme. Force est de constater que, lorsque la menace militaire est aux portes de l’Europe, lorsque les rodomontades poutiniennes agitent la menace nucléaire, lorsque les forces russes utilisent contre des civils des armes certes classiques, mais aux limites du crime de guerre, ces notions méritent d’être revisitées, sous peine de nous retrouver dans la position des pacifistes de 1939 …
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